"Mes chères études – Etudiantes, 19 ans, job alimentaire : prostituée" sort ces jours-ci. Ce livre est l’histoire de Laura, étudiante en première année à l’université, qui est issue d’un milieu modeste. Consciente des difficultés financières familiales, elle entend se débrouiller toute seule. Mais sa précarité grandissante finit par hypothéquer sérieusement la poursuite de ses études. Déterminée à réussir, elle cumule les petits boulots avant de s’apercevoir assez vite qu’activité rémunérée et études ne sont pas facilement conciliables. Un soir, alors qu’elle surfe sur Internet, elle découvre un type d’annonces particulier, classées sous la catégorie "rencontres vénales". Piquée de curiosité et poussée par le besoin urgent d’argent, elle répond à une offre d’un homme qui cherche une masseuse. En un clic sa vie bascule dans le monde de la relation sexuelle tarifée et de ses clients toujours plus nombreux.
Simultanément, sort une étude sociologique d’Eva Clouet, étudiante en master 2 de Sociologie à l’université Toulouse Il – Le Mirail, intitulée "La prostitution étudiante à l’heure des nouvelles technologies de communication".
Récemment, un syndicat étudiant estimait qu’aujourd hui 40 000 étudiant(es) se prostituent en France. La cause première en est la précarité croissante et la cherté de la vie étudiante. Cette étude, menée en 2006-2007, remplie de témoignages réels, est une description vivante de la nouveauté de cette forme de prostitution. Elle s’exerce discrètement, occasionnellement, indépendamment, à partir d’Internet, essentiellement par des jeunes femmes étudiantes qui se font appeler escortes. L’enseignement de ce livre est double : d une part, si la prostitution étudiante est d’abord liée à une situation économique précaire et des parents aux revenus modestes, elle peut être parfois vécue comme le moyen de s’émanciper d’une sexualité cadrée, d’une vie trop lisse ou encore de prendre une "revanche" sur le mythe du prince charmant. D’autre part, cette prostitution diffère de la prostitution dite traditionnelle : sélection des clients, atmosphère complice, socialisation par les différences générationnelle et de classe sociale…
Reste que pour ces étudiantes, le choix de se prostituer reste tributaire d’une série de cassures sociales et représentatives, fréquemment liées au pouvoir de l’argent, à l’attrait de certains signes matériels de richesse, et également à une double domination : masculine et socio-économique.
Il serait temps que nos gouvernants prennent conscience de la précarité des étudiants…