Rachida Dati fait de l’excés de zèle sous une forme autoritaire, comme on en a maintenant l’habitude. Après la longue valse des membres de son cabinet, c’est maintenant la magistrature qui se rebelle suite à la décision de Rachida Dati de mettre fin aux fonctions du procureur général d’Agen (Lot-et-Garonne), Bernard Blais, qui est à huit mois de la retraite !
Fort du soutien que ce dernier a reçu des fonctionnaires de la cour et des 21 magistrats, le premier président de la cour d’appel d’Agen, René Salomon, a annoncé qu’il avait saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
L’Union syndicale des magistrats (majoritaire) et le Syndicat de la magistrature (gauche) ont, dans un communiqué commun (ce qui est rare), dénoncé "une véritable tentative de caporalisation des magistrats du parquet, inédite dans un Etat de droit" en rappelant "que les procureurs généraux qui ne sont pas des Préfets de Justice bénéficient comme les autres magistrats de règles statutaires protectrices".
Rachida Dati prend cette mesure en raison de l’ancienneté du magistrat à un poste qu’il occupe depuis 13 ans, selon son porte-parole et ajoute qu’elle "a la volonté d’avoir de nouvelles compétences, de nouvelles expériences". Cependant le ministère n’aurait pas de candidat au poste et il ne s’agirait donc pas de promouvoir une femme.
L’affaire fait suite à un autre incident survenu après la convocation le 29 août place Vendôme d’un magistrat du parquet de Nancy, Philippe Nativel, à qui étaient reprochés de supposés propos critiques sur la loi contre la récidive.
En réalité, il s’agit bien d’un conflit sur la conception du rôle de la ministre de la Justice. Celle-ci assume sa volonté de diriger le parquet sur lequel elle a autorité. Les syndicats de magistrats contestent que le gouvernement dirige les procureurs et disent être "au service de la loi".
Rachida Dati voulant faire prévaloir la règle de la parité hommes-femmes, les valses vont sans doute se poursuivre, et les conflits s’envenimer.