Mathieu Amalric a obtenu vendredi soir le César du meilleur acteur pour son rôle dans « Le Scaphandre et le papillon », mais étant absent, il avait laissé à Antoine de Caunes qui présentait la soirée, un texte à lire, "au cas où".
Malheureusement, la partie la plus critique de son discours n’a pas été lue lors de la cérémonie. Elle dérangeait sans doute… "Je n’en reviens pas. Je ne savais pas que c’était si simple que ça, la censure", écrit Mathieu Amalric dans un mail à l’AFP et aux Cahiers du Cinéma. Voici le texte non lu :
Mais la salle de cinéma. Oui, la SALLE de cinéma, elle, doit pouvoir continuer à s’inventer. "A lire à la lumière. Et à diriger sur notre nuit" Notre musique. Insupportable "trompe l’œil" des multiplexes. Les chiffres comme seule ligne d’horizon. Aveuglement, brouillage, gavage, lavage. Et quelle solitude. Vous avez déjà parlé à quelqu’un dans un multiplexe ? Pas moi. D’ailleurs c’est impossible, ce qui compte c’est le flux. "Circulez s’il vous plaît, y’a rien à voir" . Au suivant ! bande de Brel.
Alors que le travail souterrain, patient, divers, dédié au public, aux écoles, aux rencontres que font et on envie de faire tellement d’exploitants de salle se voit de plus en plus nié aujourd’hui.
La Question humaine n’aurait par exemple jamais fait autant d’entrées sans le travail de curiosité des exploitants de province et de l’ACRIF.
Ce tissu de salles, que le monde entier nous envie, est notre cœur, nos poumons.
Sinon…
Sinon on va tous finir devant nos "home cinéma" à se tripoter la nouille…
Bons baisers de Panama…
Mathieu
En parallèle à la soirée des Césars, des professionnels et des associations, craignant un désengagement de l’Etat en matière d’action culturelle cinématographique, avaient lancé un appel à la fermeture des cinémas indépendants le soir de la cérémonie des Césars, en signe de protestation. La cinéaste Agnès Jaoui distribuait des tracts à l’entrée du théâtre du Châtelet pour inciter les artistes récompensés à s’exprimer en ce sens.
On n’aime pas les empêcheurs de tourner en rond dans ces grandes messes médiatiques !