Après L’auberge espagnole et Les Poupées russes, Cédric Klapisch nous offre le dernier chapitre des pérégrinations de Xavier, son protagoniste, incarné par Romain Duris. Acteur fétiche du réalisateur depuis leur première collaboration dans Le Péril Jeune (1994), Duris a maintenant trente neuf ans. Annoncé pour le 4 décembre 2013, le dernier volet du triptyque est attendu… depuis 2005 par les fans !
L’espoir fait vivre
La trilogie Klapisch s’achève finalement, volontairement étalée sur plus de douze ans par le cinéaste, afin de montrer l’évolution des personnages de manière plus sincère et réaliste. Le public va renouer avec Xavier, étudiant dans L’auberge espagnole en 2001, puis trentenaire paumé dans Les Poupées russes, désormais papa de deux enfants huit ans après. Cet étalement dans le temps produit l’effet d’un réel suivi du personnage à l’échelle de sa vie. Klapisch a attendu que ses acteurs « murissent » pour le tournage de Casse-Tête chinois, selon le principe annoncé dès le début de la saga : voir cette interview du réalisateur. « L’auberge espagnole traitait de l’Europe et de l’âge des possibles, celui où chacun fait des essais de vie. Aujourd’hui Les poupées russes permet de retrouver une partie des personnages, et traite d’autres thèmes, plus adultes, plus personnels, notamment le fait de trouver la femme de sa vie. » Quel est donc le thème du dernier volet ? La paternité, l’accomplissement ? On y croyait plus !
Une histoire de vies
Les deux premiers volets faisaient penser à un roman d’initiation des temps modernes, entre fable et sitcom à la française : mosaïque de rencontres, d’amitiés, histoires d’amour entrecroisées plus ou moins catastrophiques. Avec toujours en toile de fond l’indécision du personnage de Xavier, pauvre sentimental qui a laissé derrière lui son projet de roman pour écrire articles et scénarios alimentaires tandis qu’il se perd à la recherche d’un amour idyllique et irréaliste. Son cœur balance toujours entre le rêve, le fantasme inaccessible qui l’illusionne, et le possible qui se trouve juste sous ses yeux, en la personne de son amie et collaboratrice Wendy. Mais Xavier s’y refuse presque malgré lui, ne cessant de penser à la femme « idéale »… Il ne s’obstinera plus pour longtemps, car une bonne leçon l’attend au tournant de ses maladresses, contradictions, et autres actes manqués.
Et la suite ?
Mais le rêveur Xavier peut-il vraiment se fixer ? Eternel indécis, idéaliste, têtu, piteusement décalé mais furieusement attachant pour le spectateur en même temps que pour les autres personnages du film, que sera-t-il devenu dans Casse-tête Chinois ? Duris attendrit, agace, exaspère successivement son entourage, se dépêtrant non sans mal de ce monde où tout va vite, où il faut savoir jongler avec les gens et avec les choses pour se frayer un chemin. Il nous tarde d’assister à sa dernière « phase » d’évolution. Figure typique de la génération quatre vingt, frisant la caricature mais sans exagération, héritier des incohérences post soixante-huitardes de ses parents, quels choix de vie aura-t-il faits ? Quel adulte accompli (ou non) sera-t-il devenu, aura-t-il enfin mené son destin comme il l’entendait, dans cette ère d’absurdités sociales et de pleine explosion du consumérisme ? Enfin quel papa Xavier sera-t-il, c’est la question à laquelle tous les fans attendent et espèrent une réponse concluante.
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