Hier, à l’appel de la FNSEA (syndicat classé à droite), 1500 tracteurs et plusieurs milliers d’agriculteurs arborant des tee-shirts logotés "fauchés comme les blés ", les céréaliers essentiellement ont défilé dans Paris, pour dénoncer la baisse de leur revenu et exprimer leur vive inquiétude sur l’avenir de la politique agricole commune (PAC). Malheureusement, il est vrai que de nombreux céréalier sont dans une impasse financière, puisque le revenu moyen d’un exploitant céréalier est tombé en 2009 à 15 200 euros annuel : attention, leur revenu reste encore supérieur à bien d’autres types de culture… Nonobstant cette remarque, cela conduit à des situations sociales, familiales et psychologiques désastreuses. C’est pourquoi ils entendent obtenir des "mesures concrètes et immédiates", pour ne pas finir l’année "totalement exsangues".
La récolte 2009 a été très bonne mais les cours mondiaux des céréales s’étant effondrés, le gain fut médiocre. Ils ont en outre subi un rééquilibrage de la distribution des aides directes au profit des éleveurs ovins, des agriculteurs de montagne ou des producteurs "bio". Une redistribution plus équitable, voulue par Michel Barnier quand il était Ministre de l’agriculture, est légitime. L’actuel Ministre de l’agriculture, Bruno Lemaire a déclaré à l’attention des manifestants : "La France a besoin de ses agriculteurs, et nous allons tout faire dans les prochains mois pour bâtir un système qui leur permette d’avoir un revenu stable". C’est de la langue de bois, alors qu’il faut revoir STRUCTURELLEMENT l’agriculture : vaste et difficile projet mais le seul qui sauvera les agriculteurs que les parisiens encourageaient hier comme des espèces en voie de disparition !
Le système agricole n’est plus uniquement européen, il s’est mondialisé. La France importe des matières premières agricoles bio car la demande dépasse la production hexagonale. Les conversions d’exploitations en agriculture biologiques sont aujourd’hui encouragées par des aides : ceux qui choisissent cette voie en tirent profit et n’étaient pas dans le cortège des manifestants d’hier. Si les rendements sont moins élevés en agriculture biologique, ils suffiraient à nourrir la planète, comme l’indique la FAO. Alors, que se passe-t-il ?
En gros, les céréaliers sont pris en otage, en quelque sorte par l’industrie pétrochimique et les lobbies agro-industriels : ces derniers ont fait les yeux doux aux agriculteurs quand tout allait bien… complices. Aujourd’hui, les céréaliers sont endettés, contraints à des rendements élevés qui nécessitent l’utilisation de pesticides, etc…victimes. Les gouvernements ne sont pas blancs : la FNSEA a toujours eu une forte influence sur les différents ministères (agriculture, industrie, etc) et les lobbyistes sont depuis longtemps dans les couloirs de l’Assemblée Nationale, à commencer par Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP…