Les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, couramment appelées les NMPP ont un quasi monopole qui, finalement, nuit à la presse française : une exception française en passe de devenir un boulet…
Créées en 1947, suite à la loi Bichet du 29 mars 1947, les NMPP avaient vocation à associer les journaux à leur distribution, dans le but de maintenir la liberté de la presse. C’est une société commerciale de distribution de presse, regroupant les éditeurs (51 % du captal) et le distributeur, Hachette (49 %).
En théorie, la loi Bichet était une bonne loi puisqu’elle permettait à tous les éditeurs d’accéder au marché national tout en les protégeant de la puissance des diffuseurs. Libérés des problèmes de distribution, les entreprises de presse devaient pouvoir alors se concentrer sur leur métier : écrire, rédiger, dénoncer. En 1949, le diffuseur Hachette devient éditeur de presse, en rachetant France Soir : dès lors, tout est biaisé. Hachette accroit son pouvoir en devenant juge et partie, et progressivement, la rentabilité des titres l’emporte au détriment des petites publications, les plans sociaux se multiplient avec la mécanisation de l’outil de production et la réduction des coûts…
Aujourd’hui, les NMPP distribuent 85 % de la presse en France, mais la logique de rentabilité d’Hachette (Lagardère) fait voler en éclat le principe de mutualisation initiale. Les ouvriers du Livre défendent, bec et ongles – de leur bastion CGT – leurs acquis sociaux. Certes, les conditions de travail sont difficiles (travail de nuit, etc), mais il n’en demeure pas moins que les coûts moyens salariaux des NMPP représentent plus du double de certaines sociétés concurrentes…
Nous, lecteurs, voyons disparaître les kiosques, puisque les diffuseurs sont de moins en moins nombreux. Pourquoi ? Ils travaillent de nombreuses heures pour gagner une misère car leur commission est dérisoire. Au final, ce sont les magazines qui financent la distribution des quotidiens nationaux, en raison d’un principe de péréquation, étant donné que leur diffusion est moins fréquente.
Actuellement, le plan de développement des NMPP, baptisé "Défi 2010", est destiné à assainir la situation financière, à améliorer l’offre et à enrayer la baisse du nombre de marchands de journaux. Que va faire l’Etat pour réorganiser l’ensemble du système d’aides à la presse ? Qui aider ? Sur quels critères ? La presse quotidienne nationale n’a pas les mêmes atouts que les magazines pour affronter l’avenir, et l’Etat est-t-il bien neutre dans tout ça…