Les prostituées, réunies dans le "collectif Droits et prostitution" ont demandé, pour la cinquième année consécutive, l’abrogation de la loi sur le racolage passif, aux conséquences "catastrophiques", avec le soutien, entre autres, de Médecins du Monde, Act-up et du Syndicat national de la magistrature. Elles ont manifesté devant le Sénat le 5 novembre…avec un silence des médias impressionnant.
La loi pour la Sécurité intérieure de 2003 a transformé le racolage passif – auparavant sanctionné par une contravention de 5e classe – en délit, selon l’article 225-10-1, c’est à dire que les prostituées encourent aujourd’hui jusqu’à deux mois de prison et 3 750 euros d’amende.
Même si les juges appliquent la loi avec parcimonie, le délit de racolage passif dépend du témoignage du policier ou du client, ce qui peut amener à des excés…
En outre, la crainte de ce délit pousse les prostituées à travailler dans des zones de non droit, plus exposés au proxénétisme, aux violences de certains passants, de pseudo-clients et des forces de l’ordre. La prévention devient alors plus difficile à faire par les associations, d’où les conséquences catastrophiques en terme de santé publique.
Dans son rapport publié l’an dernier, la commission citoyens-justice-police, composée de membres des syndicats des avocats et de la magistrature, de la Ligue des droits de l’homme et du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), avait déjà mis en lumière les harcèlements policiers dont les travailleuses du sexe sont victimes.