Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, a affirmé lors de sa visite en Tunisie, en préambule à un dîner offert par son homologue tunisien Zine El Abidine Ben Ali : "aujourd’hui, l’espace des libertés progresse. Ce sont des signaux encourageants que je veux saluer". On peut se demander s’il s’agit d’une blague tellement tout le monde sait que les droits de l’Homme y sont bafoués.
Pour le moins, on peut être "déçus" par ces déclarations. Mokhtar Trifi, président de la Ligue de défense des droits de l’homme (LTDH) a réagi en indiquant : "Si des garanties ont été données à M. Sarkozy pour que les libertés progressent, tant mieux ! C’est notre demande, malheureusement sur le terrain nous n’avons pas remarqué de progrès notables, c’est peut-être même le contraire qui se passe en réalité aujourd’hui".
Reporters sans frontières (RSF) a jugé "inadmissibles" les propos de Nicolas Sarkozy, puisque "la liberté d’expression reste une utopie en Tunisie. La presse n’y fait que glorifier le bilan du président Zine el-Abidine Ben Ali et les journalistes indépendants et leurs familles sont victimes d’un harcèlement continu. Les défenseurs des droits de l’homme et les syndicalistes n’échappent pas non plus à ce traitement", a protesté RSF pour qui la déclaration présidentielle "est un coup de poignard dans le dos des militants tunisiens qui attendaient beaucoup de la visite du président français".
Quant à la secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, Rama Yade, elle avait indiqué qu’elle ne s’exprimerait pas publiquement pendant la visite de M. Sarkozy.
Airbus et Alstom engrangent les contrats commerciaux pendant que Carla Bruni-Sarkozy visite un orphelinat en déclarant à la sortie : "C’est un système merveilleux, j’ai trouvé, les enfants avaient l’air heureux."
Sans commentaires…
Ce ne sont pas les droits de l’homme qui progressent en Tunisie mais les doigts de l’homme, notamment le majeur brandi à la déclaration universelle bafouée quotidiennement.
Des élections à + de 99 %, des journaux aux ordres, des livres censurés, des procès iniques, des chiffres manipulés, la corruption, le népotisme, la violence et la torture, les prisonniers politiques mais peut on parler de cela dans un pays qui fournit une bonne partie de la clientèle des hotels tunisiens pour des séjours bradés ?
Je trouve que les journalistes, notamment français, qui ont été insultés au SMSI quand ils n’ont pas été battu ou agressé comme celui de Libé ne font pas leur travail pédagogique sur la Tunisie.
Ben Ali extermine les richesses de ce pays qui s’appauvrit et dont les chômeurs diplômés sont dans la rue. Loin de lutter contre l’extrémisme (la justification de la cécité des français sur les droits de l’homme) il l’attise, il le créait.
Après Kadhafi, après la Chine, après Poutine, après Ben Ali, qui Sarkozy pourra aider encore ? La Corée du Nord ?
Nicolas Sarkozy devrait s’aider lui même avant de soutenir son homologue Ben Ali. La Tunisie est sur la pente de la déchéance et pourtant Sarkozy parle de progrès des libertés.
Sameh Harakati est écoeurée au fond de sa prison de Tunis. Mais elle a toujours le droit d’être violentée par la direction de la maison d’arrêt