Comme le rapporte le journal Les Echos, Eric Woerth, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, se serait sans doute un peu avancé en ce qui concerne la limitation de la déduction des intérêts d’emprunt aux ventes réalisées après le 6 mai 2007… Le lendemain, comme par hasard, il n’excluait pas un effet rétroactif de cette déduction : se serait-il fait tapé sur les doigts ?! Tous les propriétaires doivent pouvoir en profiter, non mais !
Dans la série des avantages fiscaux promis par Nicolas Sarkozy et parfaitement inéquitables, dans la mesure où ils intéressent essentiellement les foyers à déjà fort pouvoir d’achat, on relève bien sûr la déduction des intérêts d’emprunt pour l’achat de la résidence principale : en effet, les propriétaires sont ceux qui ont les moyens d’acquérir leur résidence principale d’une part, et ceux qui n’en ont pas les moyens mais qui s’endettent à vie en se serrant la ceinture, pour éviter de remplir des dossiers de surrendettement. Les smicards, les familles monoparentales : comment font-ils pour devenir propriétaires ? Seront-ils heureux d’être propriétaires en étant endettés jusqu’au cou durant 50 ans ?
Le bouclier fiscal limité à 50 % des revenus devrait s’appliquer dès le 1er janvier 2008 pour les impôts payés en 2007 au titre des revenus 2006. Combien sont-ils les Johnny Halliday à avoir quitté la France pour échapper au fisc ? Une très petite minorité, mais très riche. Lorsque les 3 à 4000 familles françaises exilées en Belgique sont interrogées pour savoir si elles reviendront en France lorsque cette mesure sera appliquée, elles répondent « non » sans hésitation. Parmi elles, par exemple, l’ancien commissaire-priseur Jacques Tajan ou encore l’ancien patron d’Air Liberté et fondateur de la chaîne Liberty TV, Lofti Belhassine. Leur choix ne résidait pas que dans l’incitation fiscale, bien évidemment.
Dans la même veine, la réforme de l’ISF est prévue : les réformes votées depuis deux ans l’ont déjà considérablement réduit pour les dirigeants de sociétés ou les actionnaires familiaux d’entreprises, en leur offrant un abattement de 75 % sur la valeur de leurs parts. Les bénéficiaires seront les Français disposant d’un patrimoine important par rapport à leurs revenus, comme les désormais célèbres retraités de l’île de Ré, qui vivent avec une pension limitée dans une maison qui vaut très cher, et une autre catégorie de favorisés : les très grosses fortunes.
Concernant les droits de succession, le but est d’exonérer 95 % des successions, et favoriser les donations afin d’inciter à la transmission des patrimoines. Qu’on me rappelle ce qu’il faut pour pouvoir faire une donation ou organiser une succession ? Il faut un patrimoine, bien sûr ! Comment l’obtient-on ? En héritant, en gagnant beaucoup d’argent et en achetant des biens immobiliers, donc retour au début de ce billet…
Le serpent se mord la queue, mais est parfaitement pensé pour que l’argent reste là où il a toujours été : chez les plus riches de père en fils ! Ces mesures, qui mettent « l’argent des riches » au coeur du projet fiscal, montrent là toute la cohérence de Sarkozy. Pas facile tous les jours d’être ministre de Nicolas Sarkozy !