José Bové a obtenu, hier, la transformation en jours-amende de sa condamnation à 4 mois de prison ferme pour un arrachage de maïs transgénique. Dans la foulée, il a annoncé une grève de la faim collective pour dénoncer "un simulacre de décret" sur les OGM, puisque le gouvernement va à l’encontre de ce qui avait été dit au Grenelle de l’environnement, par le président de la République et par Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Ecologie.
Rappelons que le gouvernement a suspendu jusqu’au 9 février 2008 la vente et l’utilisation du maïs MON 810, le seul OGM cultivé en France : c’est un peu prendre les gens pour des imbéciles puisque le maïs se sème au printemps…
A partir du 3 janvier 2008 une grève de la faim à durée indéterminée sera entamée par dix à quinze personnes (des Faucheurs volontaires, de simples citoyens et un maire), pour mettre en place un moratoire sur les OGM, pour que le gouvernement respecte la parole donnée devant l’Assemblée nationale et pour défendre le droit et la liberté de consommer sans OGM.
Il faut savoir aussi qu’une partie des 49 faucheurs dont le procés se déroule à Orléans et des 44 comparants volontaires a été entendue par la police suite à une plainte de Monsanto pour association de malfaiteurs et convoquée pour prise d’ADN suite à condamnation !
José Bové est un citoyen qui,dans l’adversité, se soucie de problèmes relevant de l’intérêt général(la question des OGM notamment).Pour ce faire José Bové s’est exposé à plusieurs reprises aux foudres de nos dirigeants politiques comme de nos élites,en subissant les affres de la prison,en voyant sa candidature à la Présidence de la République menacée jusqu’au dernier moment,en bénéficiant d’une piètre couverture médiatique lors de la campagne électorale,en disparaissant quasiment de la scène publique.Pourtant,tout le monde ou presque(experts et savants compris exceptés quelques tristes sires en mal de parti politique) s’accorde à reconnaître aujourd’hui que les OGM posent un réel problème de santé publique.Doit-on se soumettre servilement aux lois de la finance et du marché en attendant gentiment les effets néfastes sur nos organismes pour admettre dans quelques décennies,lorsque les cultures seront converties aux organismes génétiquement modifiés,que l’on s’est trompé,que l’on a pris inutilement des risques,que l’on a menacé les générations futures ?Lorsqu’un risque est avéré et que des scientifiques qui ne peuvent être soupçonnés d’esprit partisan se sont prononcés il faut,au moins,suspendre son jugement,s’en remettre au principe de précaution,c’est-à-dire adopter le fameux moratoire.Dans le cas contraire il y a non-assistance à Humanité en danger.Je serais tenté,pour ma part,de dire merci à José Bové d’avoir pris des risques pour nous tous et de suggérer à nos dirigeants de regarder d’un peu plus près cette affaire en ayant pour principe de ne jouer ni avec nos vies ni avec notre santé.Qu’un candidat à la Présidence de la République en vienne à mettre sa vie en danger pour l’humanité me fait définitivement penser que décidément l’autoritarisme administratif n’est pas près de disparaître dans le pays de Voltaire,d’Hugo et d’Ambroise Croizat.Lors de la campagne électorale passée Ségolène Royal a fini par se ranger à l’avis de José Bové,en adoptant le principe du moratoire.Antérieurement,sur une question analogue, Lionel Jospin avait eu une position éclairée et sage.De plus il est quelque peu paradoxal de vanter ici et là les mérites de l’agriculture biologique,de l’alimentation équilibrée,des régimes diététiques de toutes sortes et en même temps de promouvoir des cultures dont on sait déjà qu’elles présentent des risques certains pour nos organismes.Le « catastrophisme éclairé »voudrait que l’on n’attende pas des épidémies et autres pandémies en chaîne(animales et humaines)pour réagir,c’est à dire mettre à profit nos connaissances,le fruit de nos recherches(en nous appuyant sur une Recherche non pas moribonde mais dynamique).Or,en la matière,tout incite à la prudence.Qui plus est,le problème auquel s’est courageusement attaqué José Bové est en quelque sorte l’arbre qui cache la forêt.Mettre en cause les OGM,en France,en 2007,c’est tout à la fois soulever un problème de démocratie(avec la prison à la clé)c’est-à-dire de rapport entre les citoyens et le pouvoir politique,c’est poser la question du rôle de nos élites(scientifiques,technocratiques,politiques),c’est interroger l’action des médias dans une société démocratique(quelle transparence des informations,quel contenu scientifique pour ces informations ?),c’est enfin affirmer un principe intangible,celui du droit universel à vivre dignement et humainement.José Bové représentant indomptable de l’universalité des droits humains,Don Quichotte d’une Humanité déboussolée qui se perd dans des querelles intestines sans fin,dans de stériles combats d’appareils,dans le refus obstiné des Lumières ?Revenons vite à l’essentiel,à ce qui nous rapproche de l’universalité humaine.Bonnes fêtes de fin d’année quand même en espérant que nos belles assiettes décorées à l’ancienne ou d’un beau style design ne se tranforment pas en mangeoires.
Good night and good luck.