Un gendarme chef d’escadron, Jean-Hugues Matelly, qui était par ailleurs chercheur au CNRS, avait critiqué le rapprochement police-gendarmerie, à la fin de l’année 2008 dans un article de presse. Nicolas Sarkozy a réagi : il l’a radié des cadres par "mesure disciplinaire" par un décret qu’il a signé, et qui prenait effet jeudi soir à minuit ! On croit rêver devant une telle disproportion entre la sanction et la "faute" qui concerne la liberté d’expression : bien évidemment aucune jurisprudence n’existait jusqu’à maintenant…
Le général Ster, responsable de la communication à la DGGN, a rappelé que les gendarmes, de statut militaire, étaient "soumis à l’obligation de réserve comme tout fonctionnaire mais aussi au devoir de loyauté vis-à-vis des institutions", ce que Jean-Hugues Matelly "n’a pas respecté de longue date". Aucune liberté d’expression n’est donc possible dans l’armée. Est-ce bien ce qui doit prévaloir dans une démocratie ?!…
Hier, Jean-Hugues Matelly a déposé un "référé liberté" et une décision doit être rendue dans les 48 heures (le juge des libertés peut répondre à un "référé liberté" par une mesure de sauvegarde contre une décision de l’administration si celle-ci porte atteinte de façon grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale de la personne concernée).
Le mensuel édité par les retraités de la gendarmerie "dénonce cette sanction d’un délit d’opinion qui rappelle aux militaires en règle générale, et aux gendarmes en particulier, que sous la cinquième République, comme du temps de Fouché sous l’Empire, ils n’ont que le droit de se taire".
Cette sanction est complètement disproportionnée : une fois de plus, on est en droit de s’inquiéter de la liberté d’expression de chacun d’entre nous qui sommes citoyens…