Thierry Gaubert, inconnu du grand public mais ex-chargé de communication de Nicolas Sarkozy, a été récemment mis en examen avec le promoteur immobilier Philippe Smadja, pour "abus de biens sociaux, abus de confiance, escroquerie et exercice illégal de la profession de banquier" dans une affaire immobilière concernant la collecte et l’utilisation des fonds du 1% logement dans les Hauts-de-Seine dans les années 80 et 90.
L’affaire a été étouffée pendant longtemps. Il est soupçonné, d’une part, de s’être servi d’une structure de collecte du 1% logement qu’il dirigeait, le Comité interprofessionnel du logement (CIL) "Habitation Française", pour investir dans des programmes profitant à des sociétés civiles immobilières (SCI) ou des sociétés d’économie mixte (SEM) dans lesquelles il avait des parts ou des intérêts. Plusieurs opérations immobilières sont visées, notamment à Levallois-Perret (Balkany) et à Puteaux (Hauts-de-Seine).
D’autre part, il est soupçonné d’avoir illégalement collecté 23,5 millions d’euros dans des ministères pour le logement des fonctionnaires, alors que l’association, à but non lucratif qu’il avait fondée à cet effet, "Habitation Pour Tous", en 1992, n’avait pas l’autorisation pour le faire, mais qui a reçu 170 millions de francs des ministères de l’Intérieur et de l’Economie (où sont alors Pasqua et Sarkozy) sans droit ni titre.
Les faits instruits remontent à une époque où M. Gaubert travaillait pour Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), puis sous le gouvernement Balladur, au ministère du Budget et au porte-parolat du gouvernement. Pour couronner le tout, Louis-Charles Bary, maire par intérim de Neuilly, présidait l’Ocil (organisme du Medef qui chapeaute les CIL locaux)…
Aujourd’hui, Thierry Gaubert est directeur de cabinet du président de la Caisse nationale des Caisses d’Epargne (CNCE) Charles Milhaud, et se dit "très étonné" par cette mise en examen, qui intervient "neuf ans" après l’ouverture de l’information judiciaire, pour un dossier dans lequel "il n’y a aucun enrichissement personnel et aucune déclaration de préjudice" !
"L’association a consenti à ses dirigeants un train de vie élevé et sans rapport, ni avec sa taille, ni avec sa vocation non lucrative", expliquait l’Inspection Générale des Finances, stigmatisant "une pratique active de distribution de cadeaux" à des interlocuteurs dans les ministères approchés pour la collecte des fonds. En effet, comme le rapporte Libération, ce matin : "Outre un salaire annuel de 500 000 francs (76 000 euros) versé par une filiale de droit privé, histoire de contourner le bénévolat associatif, les enquêteurs ont déniché quelques belles perles : 70 000 francs de frais de cocktails, 28 000 francs d’amendes de stationnement, un poste «pourboires et dons» de 30 000 francs, 70 000 francs versés au journal de Didier Schuller à Clichy, une Safrane achetée 300 000 francs et revendue 116 000 francs à Brice Hortefeux – "au prix de l’argus", plaident-ils."
Une paille !