La famine historique en raison de la sècheresse, qui touche la Somalie, l’Ethiopie, le Kenya et Djibouti fait la Une de l’actualité. Simultanément, on apprend que des terres cultivables d’Ethiopie sont vendues à des entreprises occidentales ! Située dans la corne de l’Afrique, l’Éthiopie, peu connue, n’est pas un désert : le pays dispose d’un environnement très diversifié réunissant hauts plateaux, massifs et canyons escarpés, régions volcaniques, savanes, zones désertiques et hautes plaines verdoyantes. La vallée du fleuve Omo s’écoule au sud de l’Éthiopie prés de la frontière Soudanaise : des tribus différentes y vivent, dont les préoccupations sont bien loin de la "mondialisation"… C’est sans doute à cause de cette ignorance qu’elles sont spoliées de leurs terres agricoles les plus productives, destinées à être allouées à des compagnies étrangères qui y pratiqueront une agriculture intensive d’exportation. C’est ce que révèle l’ONG Survival International qui a apporté des preuves permettant d’alarmer le monde occidental sur cette "escroquerie" alors que des milliers de personnes souffrent de la famine en cette grave période de sécheresse qui affecte le sud du pays.
90 000 autochtones qui vivent dans ces grandes étendues de terres fertiles de la vallée de l’Omo, au sud-ouest de l’Ethiopie, dépendent étroitement de ces terres pour leur survie. L’Etat éthiopien directement, des compagnies malaisiennes, italiennes et coréennes, ont déjà commencé à y pratiquer une agriculture d’exportation (principalement la culture de la canne à sucre et des palmiers à huile), et le gouvernement projette d’étendre cela à 245.000 hectares. Comme si les biocarburants néfastes pour l’environnement avaient encore un avenir !…
Les tribus de la vallée de l’Omo sont pour le moment relativement à l’abri de la famine, mais le gouvernement qui les considère comme des "arriérés" avec leurs "femmes à plateaux" est déterminé à les "moderniser". Pour ce faire, il veut que, de fermiers auto-suffisants, éleveurs et chasseurs, ils se convertissent en ouvriers agricoles dans les plantations, au risque d’être tout simplement expulsés de leurs terres.
Le projet gouvernemental implique aussi la construction d’une série de barrages le long de la rivière Omo, dont celui de Gibe III qui deviendra le plus grand barrage du continent africain, détournant les eaux indispensables à la survie des tribus qui ne pourront plus compter sur les crues annuelles pour cultiver. En outre, l’électricité produite sera destinée à l’exportation, principalement pour le Soudan !
Les populations locales, qui n’ont jamais été consultées, ont été réduites au silence avec l’interdiction de s’adresser aux étrangers ou aux journalistes. Un visiteur qui s’est récemment rendu dans la région à révélé à Survival que le gouvernement et ses forces policières répriment, emprisonnent, torturent les autochtones et violent leurs femmes pour déjouer toute opposition à la spoliation de leurs terres. Un membre d’une tribu lui a déclaré : "Notre peuple vit désormais dans la peur – il craint le gouvernement. S’il vous plaît, venez au secours des peuples pastoraux du sud de l’Ethiopie, ils vivent sous une terrible menace".
"C’est une violation des droits de l’Homme qui va à l’encontre des législations internationales" selon Sophie Baillon de l’ONG Survival International