Eric Maigret est professeur de l’information et de la communication à Paris III, enseignant à l’IEP de Paris (Sociologie de la communication et des médias) et chercheur au CNRS. Il sort cette semaine un livre chez Armand-Colin : L’hyperprésident. Spécialiste des médias et de la communication, l’auteur revient sur ce fabuleux destin médiatique et dévoile les idéaux, les ambitions et désillusions de cette Hyperprésidence…
Dire du Chef de l’Etat qu’il est hyperactif, omniprésent et médiatiquement surexposé n’est pas un scoop ! Aussi, cet essai propose une analyse bien plus percutante et novatrice de ce "phénomène Sarkozy". Omnipotent, ne contient-il pas en germe sa propre chute ? Qui est donc cette nouvelle figure politique, cet Hyperprésident aux mille visages ?
Sarko super-héros, Sarko-Sauvageon fils de divorcés, Sarko-ni-Normalien-ni-Polytechnicien-ni-Enarque, Sarko-Le-Corse et Sarko-L’Américain, Sarko-UMP et Sarko-Jaurès-Môquet, de droite et de gauche, Sarko l’anti-malthusien et Sarko rempart contre l’immigration, Sarko-Elysée et Matignon réunis, Sarko-Neuilly et Sarko-Paris, Sarko-Alone et Sarko-In-Love … Comment s’y retrouver dans cette cascade de personnages héroïques occupant l’antenne en permanence ? Qui se cache réellement derrière ces différents masques ?
Après les leaders télégéniques qui s’adaptaient au fonctionnement des medias, après les leaders manipulateurs qui les utilisaient en amont de leur politique, Sarkozy est un leader de la troisième vague télévisuelle : il n’est pas seulement performant dans les médias, il est devenu lui-même un média grand public proposant un ensemble de programmes accessibles à tous, un mélange des contenus idéologiques, une exacerbation des passions…
Dès lors, peut-on contrôler cet "Hyper-président média de masse" dont l’accès est universel ? Doit-on craindre cette nouvelle figure politique, forme avancée d’une fusion entre communication et politique, n’est-il pas le produit d’une époque qui, de plus en plus, confond des mondes politiques, culturels, médiatiques, privés et publics, supposés jusque là indépendants ? Hyperactif, ne répond-t-il pas finalement à une impatience sociale ?
Ca fait peur tout ça, non ?