Tout le monde se souvient du Festival d’Avignon 2003 annulé par les manifestations des comédiens et techniciens du spectacle voulant annuler la réforme du système d’assurance chômage mise en place par les accords du 26 juin 2003. Il s’agissait de réduire le déficit, supérieur à 800 millions d’euros, de l’assurance chômage des comédiens et techniciens et de faire en sorte que la production culturelle ne soit pas en grande partie financée par l’assurance chômage.
A l’époque, le Medef et les syndicats (à l’exception de la CGT et de FO) avaient signé un protocole d’accord par lequel les intermittents devaient réaliser leurs 507 heures de travail non plus en douze mois mais en dix. Aujourd’hui, rien n’est réglé : le déficit est toujours là et le fonds transitoire, mis en place par Renaud Donnedieu de Vabres le 1er juillet 2004 pour indemniser les intermittents qui ne réussissent pas à réaliser leurs 507 heures en dix mois mais en douze, a permis de sauver plus de 40 000 artistes et techniciens et coûté à l’Etat 220 millions d’euros. Depuis, un nouvel accord élaboré par les partenaires sociaux le 18 avril 2006 est venu se substituer à celui du 26 juin 2003.
Le déficit du régime, tout le monde le sait, provient d’une mauvaise répartition des allocations et du maintien convenu par les pouvoirs publics de pratiques illégales : les producteurs de télévision et les chaînes publiques utilisent le système de l’intermittence pour des salariés qui devraient relever du régime général. Christine Albanel, Ministre de la Culture, osera-t-elle s’attaquer réellement à ces pratiques ? On peut en douter : n’oublions pas que son Ministère a failli disparaître, Nicolas Sarkozy ne le jugeant pas utile…
Où sera l’avenir de la création artistique si les artistes et techniciens ne peuvent plus vivre ? Malheureusement, il ne semble pas que la Ministre ait une réelle volonté de donner un coup de pied dans la fourmilière…